Noyoboya

Glissement de sens, contrôle de la pensée et privation de liberté.

Glissement de sens, contrôle de la pensée et privation de liberté.

 

George Orwell en rêvait, on y arrive : modifier le sens des mots pour qu'à la fin ils ne signifient plus ce qu'ils signifiaient au départ… et pour que ce signifiant de départ n'ait plus de signifié à l'arrivé. En gommant ce signifié, le sens initial de ce mot aura disparu.

On aura aussi gommé l'indépendance d'esprit. CQFD.

 

En tuant le mot, on tue la pensée puisqu'une pensée ne peut s'expliquer que par des mots. Si elle n'a plus de mot propres pour être, pour exister et se diffuser, elle sèche et disparaît. Mission accomplie.

 

Par ces temps de tentation collectiviste à marche forcée, je constate avec désarroi le glissement de sens du terme "individualisme" . La Bien-Pensance est en train de consciencieusement le vider de son sens pour lui en faire prendre un autre. Par la force s'il le faut.

 

L'individualisme est une notion qui met l'individu en avant sur le groupe, qui tend à reconnaître la valeur de chacun individuellement avant de lui attribuer une place dans le collectif. On est bien là dans une notion de "la Personne".

 

Or depuis quelques temps, "individualiste" devient synonyme d'égoïsme".

L'individualiste est celui qui ne pense qu'à lui, qui est indifférent à l'autre, celui qui - au mépris des autres - se met au centre de tout.

 

Ainsi dépossédé de ce qui pouvait le caractériser, que devient l'individualiste ? Quelqu'un qui se dresse contre la société, une espèce d'asocial pour ne pas dire anti social.

 

Cette perversion - merci la Novlangue des temps actuels - permet encore une fois à ceux qui gouvernent (ou ceux qui aspirent à) de préparer puis d'asseoir leur pouvoir et leur influence.

 

Même ceux qui se battent pour maintenir éveillés ces esprit qui s'endorment finiront par baisser les bras. On ne lutte pas contre le sommeil. Et puis il y aura toujours la ressource de les faire passer pour des marginaux, des dérangés. Au pire on mettra ça d'un air gêné sur une certaine forme d'humour.

Décrédibiliser la thèse de l'autre à défaut d'avoir les arguments pour la contrecarrer.

 

On matraque des slogans qui à force de temps finiront par entrer dans la tête du peuple. C'est le syndrome "Les Chinois à Paris". Merci Jean Yanne.

 

Oh bien sûr, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Le dessein ne le prévoit pas. Mais ça vient à la longue, par des messages judicieusement diffusés auprès de "prescripteurs" dans le choix final. Définition très large mais qui trouve bien des champs d'application.

 

Parce qu'en fait, à quoi rêvent les dirigeants, les gouvernants ? Au bien être et à la postérité de leur peuple ? Allons donc. Ce serait nouveau, çà.

 

Mais non. Quant un "Démocrate" rencontre un "Dictateur" - à l'occasion de la signature d'un contrat industriel et commercial - que dit le "Démocrate" au "Dictateur" ? Il vient causer Droits de l'Individu  et déclarer "En mon âme et conscience je trouve inacceptable ce que vous faites à votre peuple" ? Ou plus simplement "Mais comment tu fais pour garder ton peuple aussi docile et obéissant ? T'aurais pas deux ou trois idées à me filer histoire que je les applique au mien ?".

 

Ensuite, il y aura toujours l'occasion d'endormir le peuple en lui filant un os à ronger et lui faire croire à ces apparats de grands événements sportifs, distractions faciles, programmes télévisés dûment marketés destinés à vider le cerveau plutôt qu'à développer l'esprit critique. Les quels sont à la liberté ce que l'aspartame est au sucre.

 

De toute façon, au delà de toute idéologie politique, aucun système ne tolère vraiment bien la contradiction pour être "efficace". Et même le plus démocrate de tous les dirigeants de démocraties a bien du rêver – ne serait-ce qu'une fois – de ne pas avoir dans sa godasse ce caillou qu'est l'opposition. Et comment y arriver. Parce que par delà les promesses, le but d'un Etat n'est pas le bonheur de son peuple… mais juste d'assurer sa pérennité.

 

On domine plus facilement une masse polie, formatée et obéissante que des individus par essence indépendants et doués d'un sens critique qui n'a d'égal que leur libre arbitre.


19/10/2009
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